Quand les beaux objets offrent de l'émotion
Snobisme(s) s'est intéressé aux créations de designers en s'éloignant des sentiers battus. Élitistes ou iconiques, les beaux objets remettent du sens dans un quotidien souvent terni par la standardisation de l'esthétique. Au programme : rêve, magie et émotion. L'occasion de plonger tête baissée dans un univers placé sous le signe de l'équilibre parfait. Ici, les lignes se dessinent, les matériaux exaltent leurs richesses et les intentions interpellent dans un seul but : celui de mettre nos sens en émoi. Parcours en 6 leçons.
La pièce unique qui lévite, « Élévation »
Gaspard Graulich est un jeune designer français qui commence à faire parler de lui. Cette suspension, dessinée au printemps 2016 pour l'espace de travail de la revue Demain dès l'Aube, est une pièce unique combinant la fragilité du papier à la force de l'acier. Présentée à la Galerie Room, Elévation installe l'équilibre entre forme et matières avec beaucoup de délicatesse mais non sans puissance d'intention, en positionnant « la lumière comme objet et non comme fonction ».
L'(indispensable) objet de nécessité, «Shelter Tray »
Collection Particulière est une jeune maison d'édition parisienne proposant ce qu'elle appelle « des objets de nécessité ». Créé par Grégoire de Lafforest, ce plateau composé de trois éléments symbolise l'interaction entre les matériaux (le laiton poli, le bois de cèdre et de noisetier) et l'expertise technique. La vue et le toucher sont immédiatement émoustillés à travers cet objet du quotidien, à offrir comme une sculpture.
Le miroir qui fait collection - « Cyclope »
Voici une réinterprétation toute contemporaine des miroirs de sorcières qui servaient aux commerçants à surveiller leur boutique tout comme aux familles bourgeoises leurs domestiques, prêtant au miroir des yeux maléfiques. Entré dernièrement dans les collections du Centre National des Arts Plastiques, ce miroir convexe, installé sur un pied en terre cuite, est édité chez Moustache et a été imaginé par Ionna Vautrin, dont on retrouve la patte si reconnaissable à travers cet objet aux formes rondes et généreuses.
La lampe très confidentielle - « L88 »
Lancée en novembre 2016, Monolithe édition collabore avec des étoiles montantes du design : Piergil Fourquié, dont on connaissait le singulier paravent « Paon », présenté à la Galeriez Gosserez, Pierre Dubourg (qui collabore avec Hartô) et Julie Pfligersdorffer, qui a notamment réalisé la tasse Café Pelé pour Industreal et le bureau Pom's pour Ligne Roset . Cette dernière a créé pour Monolithe une lampe hommage à un Paris chic, inspirée par les cafés et hôtels parisiens intimistes de décorateurs. Ici, le laiton brossé s'associe au verre blanc et opaque dans un duo élégant et raffiné.
L'objet devenu iconique - « Eclipse »
Imaginée en 1991 par le brésilien Mauricio Klabin, Eclipse symbolise à la perfection le design populaire et fonctionnaliste. Ce petit luminaire assume pleinement son rôle d'objet du quotidien aussi beau qu'utile, grâce à un abat-jour constitué d'une bande de plastique s'enroulant sur elle-même, qui dévoile ou tamise la lumière au gré de ses mouvements, et habille la lampe d'un souffle léger. Une précision d’exécution qui lui vaut de faire partie de la collection permanente du MoMA depuis 2006.
Les irrévérentes venues d'Italie - « Sisters »
Elles se nomment Sofia, Frida, Helen, Louise et Clara. Ces cinq soeurs sculptées ont été imaginées par Pepa Reverter pour la très contemporaine maison d'édition italienne Bosa. Ces vases se veulent un hommage aux femmes, qui, à travers les temps et les cultures, ont constitué le pilier de la maison. Mais on y voit aussi un clin d'oeil - subversif ? - à la religion catholique, avec ces visages entourés d'un linge et surmontés de ce que l'on pourrait prendre pour une cornette. Plus qu'un vase, une œuvre d'art qui interroge.