François Laffanour : quand le design transmet l’histoire

François Laffanour : quand le design transmet l’histoire

François Laffanour est un des quelques galeristes à avoir compris avant les autres l’importance du travail de Jean Prouvé – et à avoir permis sa pérénité. Dans sa galerie, la galerie DownTown, au 18 rue de Seine, se succèdent plusieurs fois par an des expositions des plus grands designers du XXème siècle, à l’image de Charlotte Perriand, Pierre Jeanneret, Le Corbusier ou encore Gaetano Pesce. Et jusqu’au 25 novembre, ce sont les œuvres légendaire d’Ettore Sottsass que vous pourrez découvrir sous un autre jour. Snobisme(s) a eu la chance de s’entretenir avec le galeriste, qui nous livre ici une leçon de collectionneur.

01_© Marie Clérin

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Pourquoi Jean Prouvé ?

« A l’origine, un choix personnel, purement esthétique ». Le déclencheur d’une passion qui dure depuis plus de trente-cinq ans. Au départ, une promenade aux Puces de St Ouen. Et très vite, le virus du chineur. Puis un stand aux puces, pendant trois ans.

Il nous explique : « quand mes confrères cherchaient la valeur au travers de meubles « élitistes », je préférais basculer dans une autre dimension, qui représentait un vrai projet humain ». Un intérêt qu’il a tout de suite su partager avec ses clients, que le marchand qualifie « d’empathiques, comme s’ils soutenaient a posteriori cette volonté politique ».

Une démarche cohérente

02_© Marie Clérin Laffanour Galerie Downtown.jpg

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Lorsque François Laffanour s’installe dans sa galerie rue de Seine en 1982, il se spécialise donc dans le mobilier d’architecte. Une démarche qu’il veut « cohérente, puisqu’ils avaient tous créé en même temps ». Ce qui l’intéressait, au moins autant si ce n’est plus que les lignes, était  « la dimension sociale et généreuse de ce type mobilier. »

Rien d’étonnant puisque l’homme est historien de formation, et en a gardé des traces : à l’heure où les marchands tendaient à chiner à l’œil pour ensuite effectuer de plus amples recherches, il a quant à lui « mis en œuvre une autre méthodologie, inverse cette fois». Ce sont donc les livres et les recherches qui l’ont conduit à chiner, alors que « les meubles étaient toujours en place », dans les administrations par exemple. Une époque révolue, durant laquelle le mobilier de Jean Prouvé était jeté pour être remplacé par du plastique, plus moderne, et qui fait dire au galeriste qu’il existe bel et bien  un  « décalage entre la représentation de la valeur et la valeur ».

La filiation d’une vision

04_© Marie Clérin

04_© Marie Clérin

Loin de se cantonner aux seuls travaux de Prouvé, le marchand a au fil de sa carrière « redécouvert les travaux de tous les gens qu’[il] pense être dans la même lignée que les maîtres de la modernité, c’est-à-dire une tradition intellectuelle et philosophique ». Aujourd’hui, il cherche toujours à étendre ses acquisitions « aux pièces de designers qui se situent dans le prolongement de cette démarche mais aussi, a contrario, avec laquelle ils se positionnent en rupture. »

Le meuble comme reflet de l’histoire

Il parle alors de Jean Royère, Mathieu Matégot ou des céramistes français mais également, outre-Atlantique, de Georges Nelson, de Charles et Ray Eames, d’Isamu Nogushi ou encore de George Nakashima, comme étant représentatifs de cette démarche sociale. Ce qui l’intéresse, « c’est avant tout le concept global », et ce qu’il vend, ce n’est pas simplement un meuble, c’est aussi « une partie de l’histoire que ce meuble porte ».

Pour lui, « Ezio Manzini et Ettore Sottsass avaient ainsi la même préoccupation que Charlotte Perriand lorsqu’elle parlait de synthèse des arts, à savoir l’abolition des frontières entre les différentes disciplines pour pouvoir regarder un meuble, une céramique ou un tableau avec le même intérêt ».

Papardelle, Ron Arad - Bronze.jpg

Papardelle, Ron Arad - Bronze.jpg

Ce qui ne l’empêche pas d’aborder avec tout autant de passion le travail de Ron Arad, « qui l’intéresse pour sa posture qui prend le contrepied de cette démarche. Ses meubles, certes confortables, sont très voyants et portent quant à eux la volonté de faire réfléchir à la place de l’objet dans notre vie ».

Mais aujourd’hui, ce sont les meubles d’Ettore Sottsass que François Laffanour nous convie à découvrir, et surtout l’approche poétique, aux accents politiques, que le designer a toujours défendue à la vision décorative et fonctionnelle du design.

Ettore Sottsass, Cabinet N°70 pour la Mourmans Gallery, 2006.jpg

Ettore Sottsass, Cabinet N°70 pour la Mourmans Gallery, 2006.jpg

Ettore Sottsass

Ettore Sottsass

Ettore Sottsass - Galerie Dowtown - Jusqu’au 25 novembre 2017 - 18, Rue de Seine - 75006 Paris

 

 

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