Repérage : Victor Cord’homme, jeune artiste « total »
En dernière année aux Beaux-Arts de Paris, c’est ce lundi que Victor Cord’homme présente son installation qui validera son diplôme, après avoir été exposé dernièrementavec son collectif à Beaubourg lors de la nuit des musées, à Chypre, ainsi qu’à la galerie Jour et Nuit à Paris. L’occasion pour Snobisme(s), qui a découvert le jeune homme en janvier à travers sa 3ème expo personnelle, Aérissage, à la galerie du CROUS dans le 6ème arrondissement, d’échanger avec l’artiste pour en savoir plus sur sa démarche.
Une démarche immersive et évolutive
Les premières expositions personnelles que Victor a réalisées ont été formatrices. « Ce sont des successions de tentatives et d’essais qui m’ont permis, au fur et à mesure, de me lancer dans l’installation. La finalité étant de créer des groupements de pièces qui fassent l’unité. » Grâce à un système de capteurs reliés à un matériel sonore, il a par exemple interrogé l’idée d’interaction, en considérant que c’était l’exposition elle-même qui devenait une sorte d’entité et jouait avec le spectateur. « C’est une information en plus sur ce que j’ai établi au niveau formel avec les sculptures et les peintures. » Aérissage était quant à elle plus sculpturale : « je souhaitais travailler sur les formes [ndlr : de gros ventilateurs] et les différentes matières. L’unité provenait ici de la répétition d’un même modèle : un moteur, un corps et une voile. »
La couleur comme expression du sensible
Une des premières choses que l’on remarque lorsque l’on traverse les expositions de Victor Cord’homme est l’utilisation de la couleur. Il confirme : « mon travail se révèle très coloré et affirmé. J’aime jouer les combinaisons de couleurs qui me font vibrer car chaque personne développe un langage avec des gammes de couleurs, de l’ordre du sensible. » Ce rapport aux couleurs est apparu lors de son voyage en Inde : « là-bas, tout est extrêmement coloré et les couleurs sont utilisées partout. Cela m’a beaucoup inspiré. Je réfléchis à la couleur en fonction de l’espace ». Mais ce n’est qu’une fois associées à d’autres facteurs, matériaux, sons ou formes, qu’elles prennent véritablement leur sens.
Mêler le pictural et le narratif
Le jeune homme nous en dit plus sur ces associations : « mes peintures sont constituées de deux "axes", le premier est celui des formes colorées qui rappellent l'architecture, les rythmes et l'ornementation. Le second axe de mes recherches, qui s'est greffé à mes peintures il y a peu, est celui de la symbolique. J’ai apporté dans mes compositions picturales une dimension plus narrative en y apportant des objets symboliques ». Incorporant ainsi des objets du quotidien (une chaise ou une plante en pot), l’artiste entend « chercher des paradoxes, des symboles et des images qu’ils émanent». Il pense en effet que « chaque objet dans [ses] installations doit avoir une utilité, et créer des liens fictifs ou physiques entre [ses] sculptures et peintures. C’est pour [lui] le moteur de [ses] installations. »
La sculpture en tant que dessin transposé
La sculpture prend en effet beaucoup de place dans ses installations. « Lorsque j’ai commencé à réaliser des sculptures, j’ai sorti la forme picturale en volumes. J’ai cherché à montrer comment la peinture se situe par rapport à un volume. Je veux aller plus loin dans la recherche de l’espace immersif. » Ce qui l’intéresse ? Voir un espace changer en le faisant communiquer de façon constante. La Baleine, une œuvre monumentale, retranscrit ce travail tridimensionnel, avec ses arceaux de bois sculptés et colorés évoquant un squelette dans un musée d’histoire naturelle. « Je voulais créer une chose figée qui paraisse très lourde et très légère à la fois. Lorsqu’on passe à côté, c’est majoritairement du vide. Les couleurs que j’ai utilisées me viennent quant à elles d’un voyage en Turquie, elles sont inspirées des mosaïques, tout comme les composants de bois et de métal qui retranscrivent les rosaces ».
Des pistes exploratoires ?
Même si d’autres expositions de son travail sont déjà prévues dès le mois de juillet à l’espace T2 à Paris, l’artiste n’exclut pas « d’explorer l’habillement » car il joue beaucoup avec le tissu. « C’est encore à l’état de projet. J’ai par exemple pensé à des performances où l’on pourrait demander aux spectateurs de porter des pièces, des œuvres d’art uniques qui prendraient la forme d’un vêtement». Une histoire à suivre donc !
En savoir plus sur le travail de Victor Cord’homme : http://victorcordhomme.com/